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• v. 1480; de suer♦ Fam. Transpiration abondante sous l'effet d'un travail, d'une inquiétude. Prendre une suée. « Mais de là à penser que son père était un salaud. Très honnêtement il en avait la suée » (Aragon).⇒SUÉE, subst. fém.A. — Familier1. Production abondante de sueur (provoquée par un effort intense, par la température, une inquiétude ou une vive émotion). Synon. sudation, transpiration. Suée d'angoisse, d'agonie; suée froide; petite suée. Les exercices poussés jusqu'à la suée combattront les manifestations cardiaques (LE GENDRE ds Nouv. Traité Méd. fasc. 7 1924, p. 349). Il regarda (...) les belles jambes longues et piqua une suée. « Quatre mois que je n'ai pas fait l'amour » (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 13).2. Vieilli. Effort intense, travail pénible. Après deux heures de suée, quand les enfants arrivent, je leur appartiens sans réserve; aplatie, matée, j'ai pour eux une bonté de bête de somme docile (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 244). Trois soirées de travail: (...) Quelle suée! (LÉAUTAUD, Journal littér., 3, 1911, p. 41).B. — Au fig.1. a) Peur intense, forte émotion qui peut aller jusqu'à provoquer des sueurs (froides). Entrer quelque part comme commis, et encore avec des protections... dans un bureau, une affaire. Il en avait des suées paniques (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 295).b) Vieilli, pop. Forte correction infligée avec vigueur. Flanquer, donner une suée à qqn. Si jamais je peux attraper un de ces calottins qui ont fait donner l'héritage de ma tante à l'hôpital de la ville, il en recevra une suée, le gredin! (SOULIÉ, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 137). Coupeau avait un gourdin qu'il appelait son éventail à bourrique; et il éventait la bourgeoise, fallait voir! Des suées abominables, dont elle sortait en nage (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 751).2. Pop., vieilli. Grande quantité. Synon. chiée (vulg., rem. s.v. chier). Il y avait une suée de monde dans les rues (ZOLA ds Lar. Lang. fr.).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1480 « mouvement de transpiration abondante » (Sermon des maulx de mariage ds Anc. poés. fr., éd. A. de Montaiglon, t. 2, p. 10); 2. ca 1500 « effort intense, travail pénible » (d'apr. FEW t. 12, p. 392b); 3. 1694 fam. « peur subite, extrême » (Ac.); 1866 pop. « grande quantité de » (DELVAU, p. 366). Part. passé subst. de suer. Fréq. abs. littér.:22.
suée [sɥe] n. f.ÉTYM. V. 1480; de suer.❖1 Fam. Transpiration abondante, afflux, sécrétion de sueur (sous l'effet d'un travail, d'une inquiétude, etc.). || Une bonne suée. || Prendre une suée.0 (…) voilà qu'il se demandait s'il ne fallait pas le regarder comme un salaud. Son propre père. Vous me direz que l'amour filial ne l'étouffait pas. Mais de là à penser que son père était un salaud. Très honnêtement il en avait la suée.Aragon, les Beaux Quartiers, I, XIX.2 (1694). Émotion forte. || En être quitte pour une suée.3 (1808; attestation isolée, XVIe). Effort intense. || Quelle suée, pour finir ce travail !4 (1867). Fam. et vieilli. Grande quantité. ⇒ Chiée. || Il y en avait une suée.5 Fam. Chose ennuyeuse. || Quelle suée, cette conférence. ⇒ Suant.❖HOM. Suer.
Encyclopédie Universelle. 2012.